Le mariage chez les Diolas

par | Sep 10, 2009 | Mariage traditionnel

Les Diolas ou Joolas se trouvent sur un territoire qui s’étend sur la Gambie, la Casamance (sud du Sénégal) et la Guinée-Bissau.La culture diola est caractérisée par le respect sacré des valeurs ancestrales. Leur sens aigu de la liberté et leur besoin de référence par rapport à leur identité ont été les racines de leur évolution historique propre. Ils ont refusé toute domination étrangère et toute collaboration avec les esclavagistes dès la première heure.
Les Diolas qui représentent 5,5% de la population sénégalaise sont essentiellement implantés en Casamance où ils pratiquent la pêche et la riziculture.Ils sont divisés en de nombreux sous-groupes qui parfois ne se comprennent même pas : les Essils (vers Thionk), les Fognys (vers Baïla), les Erings, les Bayots(au Sud), les Floups (à Oussouye) …

Dans le Kassa, la région de Oussouye sur la rive gauche du fleuve à l’Ouest de Ziguinchor, les Diolas représentent 80% de la population. C’est la partie du Sénégal où le Christianisme est la religion la plus répandue, dans le reste du pays 95% des Sénégalais sont musulmans. .Ils ont conservé de nombreux rituels qui préservent le tissu social à l’occasion de grandes festivités. Les rites d’initiation correspondent aux étapes importantes de la vie : puberté, adolescence, intégration à l’âge adulte et ont lieu dans les bois sacrés. Certains rituels concernent les femmes, tel Ekagalen, rite de la fécondité ; d’autres toute la communauté, telle la cérémonie du koumpo qui permet à des membres de la communauté de se libérer de fautes commises au milieu des danses et des offrandes. Epris de liberté et très indépendants, dans le passé très résistants aux chasseurs d’esclaves et aux velléités coloniales, les Diolas sont entre eux très solidaires, attachés à une vie communautaire.Le mariage en milieu Diola Kassa

La demande en mariage

Suivant la tradition, le choix de la jeune fille revenait au père ou à la mère du jeune garçon, ou à un oncle ou une tante. Ce choix pouvait se faire dans la case maternité après la naissance d’un garçon ou d’une fille.
Lorsque les deux parties tombent d’accord, les parents du garçon apportent aux parents de la fille une poule en guise d’alliance.
Quand les jeunes atteindront l’âge du mariage, alors commencera le long processus de la dot ou « bufos » dont les étapes sont les suivantes :

Fiançailles
Silumba : le jeune homme donne 30 litres de vin de palme à sa belle-mère, et 30 liltres à son beau-père. Cette première partie de la dot est destinée également aux oncles de la jeune fille qui doivent goûter au vin.
Le jeune garçon fournit ensuite 60 autres litres de vin de palme aux beaux-parents pour annoncer son intention de prendre leur fille en mariage.

Esunnuma : Le jeune prétendant doit fournir 72 litres de vin.

Egelenum : Le garçon aborde la 4ème partie de la dot : 72 litres de vin.

Hufila : Le jeune homme doit fournir aux beaux-parents 96 litres de vin.

Hank : Equivaut à 192 litres de vin. C’est alors que les parents de la fille donnent au moment de la récolte des gerbes ou quelques carrés de riz à récolter pour le grenier des futurs conjoints.

Esalu : Équivaut à 192 litres de vin pour la famille de la jeune fille.

Simamaya : Le jeune prétendant donne 192 litres de vin aux parents du côté maternel de la jeune fille. La future épouse recevra en contrepartie des gerbes de riz.

Elahulum : Equivaut à 60 litres de vin que le jeune fournit aux demi-frères du père de la fille. La fille reçoit des gerbes de riz de leur part.

Ebekel : Partie de la dot qui correspond à 96 litres de vin destinés à la famille du père de la jeune fille, famille qui n’habite pas la concession des beaux-parents.

Ebalas : Cette partie de la dot comprend 60 litres de vin et un poulet.

Bukut : Il comprend 30 litres de vin et un poulet.

Ehuña : 60 litres de vin de palme.

Silapum : 30 litres de vin et un poulet.

Butaat : 60 litres de vin de palme.

Hufimben : 30 litres de vin de palme et un poulet.
Mariage
Hufila : le garçon donne 30 litres de vin de palme et un poulet.

Dans la dernière partie de la dot, le futur époux donne un porc aux parents de sa fiancée. Après le sacrifice du porc et du poulet, la jeune fille est autorisée à rejoindre sa nouvelle demeure. Le jeune homme et la jeune fille peuvent maintenant s’unir pour fonder un foyer.

La réalité actuelle
Même si une majorité de jeunes se sont convertis au christianisme ou à l’Islam, les parents, qui sont de la religion traditionnelle, exigent que le jeune garçon suive tout ce rituel. Le changement de moeurs a fait que beaucoup de filles deviennent mères avant le mariage.
L’exode vers les grandes villes du Sénégal a changé aussi cette tradition. Les jeunes garçons habitant la banlieue de Dakar ou Ziguinchor sont obligés d’envoyer tous ces litres de vin, poulets et porc par la médiation d’un cousin ou d’un frère. Parfois ils oublient, ou bien l’argent se perd en chemin…

De toutes façons, dans nos villages les jeunes ne seront pas vraiment considérés comme des mariés jusqu’à la fin de toute cette cérémonie. Ces frais assez importants empêchent beaucoup de nos jeunes de vivre dans une situation régulière.

Si un jour vous voulez épouser une de nos filles, vous connaissez déjà le chemin à suivre…

Source : MISSION CATHOLIQUE MLOMP
Juin 1997 B.P. 33 OUSSOUYE – SÉNÉGAL

CCP 025 23 J DAKAR – Sénégal

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