Dans nos grandes villes, le mariage civil s’accompagne par le cortège et les visites de courtoise dans les familles paternelles et alliées des nouveaux mariés. Notre sujet porte justement sur les salutations dans les familles. Comment est venue cette pratique ? Quel est son sens ? Est-elle aujourd’hui indispensable ? Plusieurs personnes ressources, des sociologues et d’autres acteurs ont donné des réponses. Après le mariage civil à la mairie, le couple et ses invités se rendent dans les deux familles paternelles des mariés. Il fait un tour chez les marraines du couple et chez les parents et alliés qui ont favorisé et béni l’union qui vient d’être consacrée par le maire. La vendeuse ambulante de bananes Fatoumata Guindo réside à Lafiabougou Taliko. Elle s’est mariée en mai 2009 avec Oumar Guindo. Après le mariage civil, ils se sont rendus dans leurs familles respectives. Ensuite ils ont rendu visite à d’autres parents à travers la ville. Le cortège a fait escale chez l’intime ami du marié qui habite Boulkassoumbougou. La nouvelle mariée Fatoumata raconte son calvaire.« Après les longues distances parcourues pour se rendre dans des familles situées dans divers quartiers de la capitale, j’étais très fatiguée. Mais mon mari m’a dit que ces salutations étaient un devoir moral qu’il fallait à tout prix accomplir. ». Le couple a peiné juste pour respecter une pratique insensée qui est devenue une obligation. Ce parcours du combattant est injustifiable aujourd’hui dans la mégapole Bamako. La capitale malienne ne se réduit plus à quelques dizaines de maisons.
Les fiancés MC et AD se sont donné rendez-vous à la mairie de Magnambougou pour sceller leur union devant Dieu et devant les hommes. C’était en mai 2008. Après le cérémonial civil, l’heureux couple s’est rendu chez l’oncle de la femme car le père de la mariée ne vit plus. Ensuite, le couple est allé saluer dans la grande famille du père de l’époux au Badialan. Après le cortège a pris la direction des familles des deux époux. MC était content de faire ces salutations. « Nous avons pu faire ces salutations dans le temps sans ennuyer nos invités. Ma femme aussi était à l’aise », témoigne MC. Le couple MC et AD avait établi un programme de visites très réduit.
Le couple Mamadou Kéita et Aminata Diallo aussi n’a pas jugé nécessaire de sacrifier à des nombreuses salutations après le mariage à la mairie de Banankabougou. « Ma femme était en état de grossesse avancé. Nous avons limité nos déplacements. Nous sommes allés saluer seulement dans la famille de mon épouse à quelques pas de la mairie. Après je suis parti au service », déclare Mamadou dans un large sourire. Il est convaincu que c’était la bonne manière. Il condamne les déplacements intempestifs et anarchiques dans les rues de Bamako les jours de mariage.
signe du respect. Notre enquête nous a conduit chez la vieille Oumou Fomba. Agée aujourd’hui de 65 ans, elle est originaire de Marakakoungo. Elle habite actuellement à Magnam-bougou. La sexagénaire rappelle que les salutations le jour du mariage ne datent pas d’aujourd’hui. « On dit chez nous que le premier signe du respect est la salutation, comme dire un simple « bonjour » à son prochain. A notre époque, il n’y avait pas de mariage civil à Marakakoungo, mais avant et après le mariage religieux, l’époux et ses amis, à la fin de la semaine nuptiale, partaient saluer les beaux parents dans la grande famille, les voisins du quartier et le chef du village », se souvient-elle. « Cette pratique, poursuit-elle, existe encore d’aujourd’hui. Seulement le contexte a changé. Actuellement, c’est après le mariage civil à la mairie que les nouveaux mariés vont en cortège saluer les familles. Les salutations ne peuvent plus se faire à pied à Bamako. Certains quartiers où résident certaines familles alliées sont éloignés, contrairement au village où les visites se font à pied compte tenu de la proximité des familles », explique-t-elle.
La vieille Oumou pense que le contexte socioéconomique aussi n’est plus celui de l’ère coloniale ou des années soixante. Les salutations d’aujourd’hui nécessitent des dépenses supplémentaires. La vieille souligne des dérives constatées aujourd’hui : « l’hôte doit accueillir les mariés et leurs accompagnateurs avec des boissons ou des jus frais. Parfois on loue des chaises et des liasses de billets de banque sont distribuées aux griots. » Notre interlocutrice pense que les salutations des familles des mariés sont nécessaires car elles permettent aux parents, amis et proches d’être témoins de l’union qui vient d’être officialisé. Mais il n’est pas raisonnable de programmer toutes les visites le jour même du mariage civil à la mairie.
Le sociologue et professeur d’université, Fako Diarra, estime que les salutations le jour du mariage sont une pratique qui existe dans toutes les sociétés humaines et sur tous les continents. Elles sont organisées pour exprimer la reconnaissance des mariés aux parents, amis et proches qui ont favorisé et béni leur union. « Dans la vie sociale ordinaire, explique-t-il, les gens se saluent de différentes manières. Et généralement l’individu salue des gens qu’il connaît bien. Ces signes de politesse sont transférés dans le cadre du mariage. Ce cas de figure est considéré comme l’union de deux ou de plusieurs familles qui va au-delà des deux mariés ».
Le scientifique rappelle que « certaines visites sont effectuées avant le jour du mariage. Mais les salutations du jour du mariage sont particulières . Elles ont un caractère solennel. Ces visites spéciales sont destinées aux parents biologiques de la mariée de façon collatérale, à ses tantes ou aux femmes qui ont eu l’honneur de l’éduquer. » Ces salutations sont souvent effectuées de concert par le mari et ses amis. Elles rendent hommage à la grande famille africaine d’avoir réussi l’éducation de la mariée. C’est l’occasion pour dire que le mariage a abouti à la conclusion heureuse de l’union sacrée des deux fiancés.Le sociologue pense que les salutations le jour du mariage sont loin d’être dépassées et s’avèrent même indispensables pour le bonheur du couple qui est appelé à vivre avec le conseil, l’aide des autres au sein de la société. « Tant qu’il aura des mariages, il y aura également les salutations aux familles alliées. Elles maintiennent en vie la tradition » dit-il. Mais il y a exigence dans la capitale actuelle d’étaler les visites de courtoisie dans le temps. Les cortèges de mariage débridés roulent à tombeau ouvert sur les artères de la capitale. Ils ont causé une longue série noire d’accidents mortels et rendus des dizaines de jeunes handicapés physiques. La folie passagère qui submerge les participants aux cortèges de mariage voile la raison. La plupart oublie que le code de la route est basée sur la prudence. Et que la vitesse tue ! Que Dieu nous préserve de l’indiscipline dans la circulation routière !
Un homme, sur trois, épouse une femme qu’il n’aime pas
Qui a dit que les femmes étaient prêtes à tout pour se marier ? D’après une récente étude américaine, la gente masculine serait moins difficile en matière de mariage que les femmes. En effet, selon les chiffres obtenus, 31% des hommes affirment être prêts à épouser une femme dont ils ne sont pas follement amoureux, contre seulement 23% des femmes. Pour près d’un tiers des hommes donc, si une femme présente toutes les qualités requises à leurs yeux, l’amour fou et la passion ne sont pas des éléments clés pour faire leur demande. Ces derniers seraient alors prêts à épouser une femme « parfaite sur le papier » et avec qui ils se sentent bien, plutôt que d’attendre de trouver le grand amour !
D’après le Dr Pam Spurr, grande experte des relations amoureuses : « ces résultats n’ont rien d’étonnant. Les hommes parviennent généralement plus rapidement que les femmes à atteindre ce qu’on appelle « le seuil d’engagement ». Pour eux, l’essentiel est de se sentir à l’aise avec leur conjointe. Il ne faut jamais négliger l’importance du confort aux yeux des hommes ».
Ainsi, d’après l’étude, alors que les femmes auraient tendance à attendre un homme qui les fasse vibrer pour se marier, les hommes, eux, n’auraient pas besoin de ressentir une passion folle pour se rendre à l’autel ou à la mairie. Pour eux, s’ils se sentent bien avec une femme, c’est qu’elle doit sûrement être la bonne. Bien que les femmes soient moins nombreuses que les hommes à affirmer pouvoir épouser quelqu’un qu’elles n’aiment pas profondément, elles sont tout de même prêtes à faire des concessions.
En effet, d’après une récente étude anglaise, près de 77% des femmes britanniques ne croient pas à l’existence de l’homme parfait, et n’attendent pas de leur futur époux qu’ils remplissent tous leurs critères de sélection. Quant aux femmes mariées, lorsque l’on leur demande d’évaluer les qualités de leur époux, celles-ci évaluent en moyenne leur conjoint comme étant seulement à 69% parfait !
Adjaratou DEMBELE