Le mariage dans la société pulaar

par | Juil 10, 2009 | Mariage traditionnel

Tout commence avec le Gnoumbourdi, qui signifie en pulaar « murmurer à l’oreille » est la parole symbolique du prétendant pour signifier son intention d’épouser une jeune fille. L’image même du « murmure à l’oreille » souligne le caractère officieux de la demande. Il en fait d’abord part à sa famille qui va envoyer des délégués et remettre une somme symbolique à la famille de la jeune fille. Ensuite vient le Diamal, c’est la demande en mariage ou fiançailles.

Une forte délégation du prétendant se rend chez les parents pour demander la main de la jeune fille. Après avoir donné leur accord, les parents fixent les conditions du mariage : la dot ou tengue qui est la condition sine qua non du mariage. Le lendemain, les parents envoient un griot ou un parent pour annoncer les fiançailles qui sont maintenant officielles.

Avant la cérémonie du mariage, une forte délégation de sœurs et cousines du prétendant remettent aux parents de la fiancée le warougal qui représente les frais afférents au mariage : préparatifs des festivités, dot etc. Cette cérémonie se fait en présence de la famille des fiancés, d’amis etc. sous les louanges et chants des griots. La délégation remet aussi le nafoore, une somme d’argent destinée à la belle-mère qui varie selon la position du prétendant, de son rang social. En contrepartie, la belle-mère devra rendre le double voire le quadruple de cette somme en biens, pagnes, boubous etc. qui seront redistribués au couple, aux oncles et aux soeurs du mari et aux griots après le mariage. Koumal, mot qui signifie attacher, nouer est la cérémonie où l’on scelle les liens du mariage. Elle se déroule à la mosquée en présence d’hommes : parents, amis etc.

Comment se passe la cérémonie ?

Après la prière de Asr, l’imam appelle les deux témoins (seedeeji) des mariés. Les représentants du mari apportent la dot (tengue), la kola (gorro), le prix du boeuf (gaari), le boubou du père ( wutte baabiraado), de la mère (wutte yummirrado) et de celui qui célèbre le mariage (wuute thierno)et une somme pour la mosquée.Le représentant de la fiancée s’adresse au représentant du marié et lui demande de garder et d’honorer sa fille selon les règles de l’Islam. Après le serment fait par le représentant du marié, le chef demande au représentant de la fiancée d’arrêter le montant de la dot (tengue). Elle peut être en espèce ou en nature et constitue une compensation du manque à gagner des parents. Selon une expression imagée« elle sert à sécher les larmes du père attristé par le départ de sa fille ».Une fois la dot ou « tengue » remise, le mariage est scellé (noué) et il devient officiel. Ensuite les amis et parents se rendent au domicile des mariés pour adresser leurs félicitations. Plus tard dans la soirée, les sœurs et cousines du marié vont aller saluer et présenter les voeux à la mariée.Le point culminant réside dans le « yangue », fête donnée par les parents l’occasion du mariage de leur fille.
J’ai été à la fois spectatrice et actrice lors de mon mariage qui s’est fait selon la tradition Pulaar. C’est une multitude d’émotions que j’ai éprouvées non seulement en tant que jeune mariée, mais aussi en tant que non initiée.
Je suis passée de la joie, à l’émerveillement mais aussi et surtout par une énorme fatigue, face à la longueur des étapes du mariage traditionnel – ce dont je me souviens le plus -. Celles qui comme moi l’ont vécu, savent de quoi je parle. Je voudrais ici partager avec vous ces différentes étapes.
Cette journée donne lieu à de très grandes réjouissances : grands repas, de chants folkloriques ou yela, de danses, de louanges etc. Cette cérémonie peut avoir lieu immédiatement après le koumal ou des mois après.
Le « Kourtungou », c’est la cérémonie où la mariée quitte le domicile du père pour rejoindre la maison conjugale. Elle a lieu le soir.
La mariée après la cérémonie des tresses de la mariée ou muggi jombaajo, et le bain rituel, portera un boubou teint à l’indigo, sera voilée et couverte de gris-gris pour la protéger dans cette nouvelle étape. Ensuite on l’assied sur un mortier ou wowru, un porte-bonheur, sous les cris de joie : «Bonheur à la mariée» « yoo malle jombaajo » des griots, des parents, amis etc.

Ensuite une délégation composée des amis ou soeurs du marié va chercher la mariée qui sera escortée par des tantes, cousines et griottes. Parmi elles, se trouvent une dame qui est aux petits soins de la mariée ou damboowo et une dame qui tient compagnie à la mariée pour qu’elle ne se sente pas seule ou djewtoowo. C’est le cousin de la mariée (fils de la tante paternelle) qui conduit la mariée chez la belle-mère et on l’appelle badinirde. La famille du marié lui donne une somme symbolique. Ensuite la mariée, guidée par la damboowo, fait son entrée chez sa belle mère puis se couche sur ses pieds. Elle est allongée sur une natte recouverte de riz, des céréales ou koondi en signe de fécondité. Après cette cérémonie, la mariée est directement conduite à son foyer par des femmes et principalement par la marraine ou djeydo suudu qui la conduit dans sa chambre conjugale.

Le lendemain de la nuit de noce, la mariée garde la chambre nuptiale pendant sept jours (damboordu) pendant lesquelles elle est en compagnie d’amies, de tantes qui lui donnent des conseils sur sa vie de femme mariée.
C’est au huitième jour qu’elle sortira pour saluer et remercier ses parents et amis, vêtue de son plus beau boubou et en coiffure traditionnelle (thiossane) qui est l’aboutissement de plusieurs stades dans sa vie de jeune fille.

Source : http://www.dakar.unesco.org/ntci/pdf/breda_infos6.pdf

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