Divorce -Polygamie

par | Août 21, 2010 | Rites et coutumes

« La polygamie a été mentionnée à deux reprises dans le Coran (sourate Al-nissa 2 et 129). Dans le premier verset, la polygamie est autorisée pour éviter l’injustice, dans le second il est affirmé que le polygame, quelque soit sa bonne volonté, ne peut être qu’injuste « vous ne parviendrez jamais à être équitables entre vos femmes quelle que soit votre bonne volonté »(129). Par ailleurs, la femme peut elle même refuser la polygamie, il suffit qu’elle en fasse une condition au moment du mariage ».
(Extrait de « Guide des droits de la femme en Mauritanie », réalisé par MINT ABDEL WEDOUD, Irabiha avec la collaboration de l’Imam OULD TAH, Hamden et le concours financier de l’Ambassade des USA à Nouakchott-p.8).
« Le divorce est devenu un acte fréquent -pour ne pas dire banal- dans notre société. L’enquête mauritanienne sur la fécondité de 1981 montre que 31% des premiers mariages finissent par etre rompus. Comparativement à d’autres pays arabes ou africains (Maroc, Tunisie, Syrie, Sénégal…), la Mauritanie détient un taux d’instabilité des unions très élevé. Ajoutons à cela qu’en Mauritanie, une union n’est jamais définitive, il n’existe aucune durée-seuil au-delà de laquelle on peut considérer que le mariage ne pourra plus être rompu, comme cela a pu être identifié pour d’autres pays. Au contraire plus le temps s’écoule, et plus le risque de dissolution du mariage par divorce augmente (64,5% des premiers mariages contractés il y a 30 ans ou plus sont rompus par divorce, quand cette proportion est de 18,7% seulement parmi les mariages conclus il y a 5 ans).
Le divorce ne touche pas toutes les ethnies dans les memes proportions. C’est dans la société maure que le pourcentage des femmes enquêtées (femmes non célibataires âgées de 18 à 50 ans) divorcées est le plus élevé (20% des femmes hassanophones étaient divorcées au moment de l’enquête, contre 3% chez les négro-mauritaniennes). La faiblesse du pourcentage de femmes divorcées chez les négro-mauritaniennes est à mettre en relation avec le rôle de la polygamie dans cette partie de la population nationale (36% des femmes pulaar, 50% des femmes wolofs, 53% des femmes soninkés sont mariées à un homme polygame).
Dans la société maure, où le phénomène de polygamie est rare, les divorces suivis de remariages constituent une forme de polygamie dans le temps, ce qui expliquerait, entre autres, la forte proportion de femmes divorcées au sein de cette composante de la population ».
(« Le divorce roi… », OULD SIDI, Mohamed in ESPACE CALAME, n°5, mai 1994) »Concernant la rupture de la relation matrimoniale, la répudiation unilatérale reste une prérogative exclusive de l’homme. Cependant, il faut remarque l’APEF tend aujourd’hui vers des innovations comparées aux pratiques sectorielles en vigueur.Le divorce judiciaire en particulier accorde à la femme une plus grande marge de manœuvre notamment en cas de sévices ou de violences subies ».
(Rapport de l’atelier « Femmes, équité et droits »-avril,1999- p.9).

« L’UNICEF a financé une étude, en 1990, sur les problèmes et les besoins des femmes des kebbas (quartiers périphériques) de Nouakchott. Sur 340 ménages interrogés, 153 étaient dirigés par des femmes, soit 45%, celles-ci étant divorcées, veuves ou célibataires.Parmi les femmes mariées, 39% avaient contracté de deux à cinq mariages et pour le tiers de l’échantillon, la durée du mariage variait entre un et cinq ans ; 62% des femmes se sont mariées avant l’âge de 16 ans ».
(« Petites commerçantes de Mauritanie », SIMARD, Gisèle, éd. ACCT-Khartala, p.102,)

En milieu Pulaar
(…) C’est ainsi que dans le milieu négro-africain le divorce est très mal perçu et entraîne aussi bien la dévalorisation de l’homme que celle de la femme mais nous insistons surtout sur celle de la femme. En effet, une femme divorcée est perçue comme un être en transition qui doit se faire belle en attendant de trouver un nouveau conjoint. C’est dire qu’il s’agit là d’une parenthèse sociale qui doit se refermer le plus rapidement possible par la conclusion d’un nouveau mariage. Jusque là, il n’y a rien d’inquiétant ni d’alarmant. La société commence à émettre un jugement dévalorisant si la même femme est de nouveau divorcée, comptabilisant ainsi plusieurs mariages. Elle est dès lors perçue comme une femme légère ou ayant une tare qui la rend inapte à vivre en foyer conjugal. Elle peut traîner cette mauvaise réputation sa vie durant, même si sa responsabilité n’est pas engagée lors du divorce.  IL sera reproché à l’homme son manque de patience. Le mariage est perçu comme une école de la vie qui requiert une hauteur de vue et un certain détachement par rapport au quotidien des femmes. Mais le plus grand perdant dans tout cela est l’enfant même si de par certaines valeurs, l’enfant ne connaîtra jamais la solitude.
(Extrait du mémoire de maîtrise « La perception de la maternité chez la femme mauritanienne », préparé et soutenu par BEN MOUSSA, Zohra, 1995-1996, p.35)

« (…) Il va de soi que le polygame ou le candidat-polygame, est déjà « possesseur » au moins d’une compagne. Écoutons nos vieux, véritables archives : « A l’origine, en termes clairs, dès l’aube de l’histoire de l’humanité, le naouligou (3) avait maints avantages, même pour les femmes, assure-on. Pour organiser la sécurité du groupe, entreprendre la chasse, la cueillette, la pêche, l’homme avait chaque jour besoin de co-équipiers de plus en plus nombreux. Sans conteste, un combat requiert le concours de tous, une collectivité. Une collectivité s’improvise-t-elle? Soulignons que, même en temps de paix, les femmes ont toujours été plus nombreuses que leurs frères. Faibles, moins exposés par bonheur, la gent féminine devenue sans terder légion (à l’abri des expéditions guerrières) ne pouvait de toutes manières s’opposer au modus vivendi qu’est la polygamie « naouligou » en peul. Ne dit-on pas que la courtoisie, les bonnes manières (ajoutez les superstitions) interdisent de tirer sur une femme. Tuer une femme, pour un combattant, c’est s’attirer immanquablement la défaite.(…)Une co-épouse, assurent nos femmes, préfère ingurgiter une braise, voire tout un foyer que d’avoir à vivre dans une concession polygame, mais contre le mauvais sort, l’on se résigne. Disputes, jalousies à peine déguisées, en règle générale la haine y bouillonne sans arrêt, ce qui engendre parfois des crimes, des brouilles continuelles entre les enfants pour peu que leur papa soit pusillanime ».

En milieu Maure
(…)Phénomène fréquent dans la société maure, le divorce est un fait social conséquent néfaste pour tous les acteurs sociaux. A savoir l’homme, l’enfant et la femme. Cet acte qui secoue tout le tissu social est curieusement source et élément de valorisation de la femme maure. Si dans le milieu négro-africain une mauvaise perception poursuit la femme aux nombreux mariages, il en est autrement du milieu beidane (maure). La fréquence du divorce voulu surtout pour la femme traduit son désir de quête d’une renommée. Elle se positionne comme un être recherché, en vue et constitue source de tensions et de rivalités masculines. C’est ainsi que la femme maure, pour se valoriser vous dira qu’elle a eu un chapelet de maris, tous issus de grandes familles et de chacun qu’elle a eu, elle a eu un héritier. Dans une société où la tribu est une réalité concrète et vivante, la femme aux nombreux héritiers se voit liée à toutes les tribus et entretient un faisceau de relations sociales qui lui confère un réel poids social. Il faut essayer de dégager, en dehors des ces considérations traditionnelles, quelles sont les causes de divorce en milieu maure ?

a) L’âge juvénile de la femme lors de son premier mariage est source de tensions. En effet le marié s’attend à avoir en face de lui une épouse épanouie et capable de s’acquitter de l’ensemble de ses obligations conjugales. La surprise est grande devant l’immaturité de cette femme très jeune. C’est dire que le mariage précoce est un facteur important dans les causes de divorce.
b) Il est surtout accentué par la primauté des valeurs matérielles. Les parents de la jeune filles ferment les yeux devant l’âge du prétendant, l’essentiel est qu’il soit capable de donner une dot importante et faire un mariage pompeux. Les vertus du foyer conjugal sont rejetées aux calandres grecques. La prédominance de l’argent fausse les liens matrimoniaux. Mais cette primauté des valeurs matérielles fait surtout des ravages en milieu urbain où le goùt du luxe et du confort ont prise des proportions démesurées et inquiétantes. La femme, pour se valoriser doit avoir une voiture, des bijoux, être accompagnée d’une cour dont l’entretien coûte très cher.
c) Cet état d’esprit entraine le non respect des valeurs conjugales à savoir l’infidélité. Ce comportement ébranle la confiance au sein du couple. N’oublions pas qu’il s’agit du fondement de la vie conjugale. En milieu urbain les tentations sont telles qu’il est difficile à une femme de résister.
d) Les exigences de la vie urbaine à laquelle les familles ne sont pas encore préparées. En effet la Mauritanie a connu ces deux dernières décennies une sécheresse permanente qui a profondément bouleversé le tissu social et c’est par la dislocation des structures socio-économiques. Il s’en est suivi un exode rural massif jetant des familles entières mal préparées à vivre dans les centres urbains. Le père de famille n’arrive pas à subvenir aux besoins de sa famille et la précarité s’installe. Il s’en suit un éclatement de la cellule familiale. Les difficultés économiques telles que le divorce s’impose de lui meme. La femme se voit livrée  à elle même, sans qualification, elle sera l’objet de toutes les provocations possibles. Il faut ajouter à cela :
e) Le coût du ménage qui devient de plus en plus exorbitant.Les difficultés économiques empoisonnent l’atmosphère du climat familial. La précarité ôte toute possibilité d’épanouissement, suscite des tensions aux conséquences néfastes pour les enfants et il faut noter cette absence de communication entre les conjoints est source de malentendu qui est dû au :
f) Fait que les conjoints ne se connaissent guère avant le mariage. Il faut quand même observer une certaine évolution des mentalités à ce niveau surtout au sein des élites et des jeunes. Le mariage devient dans cette frange de la  population, une affaire de sentiment. Les deux conjoints se fréquentent régulièrement, apprennent à se connaître et ce généralement avec la bénédiction des parents surtout dans les milieux urbains. IL reste que l’absence de communication avant le mariage est en soi une source de malentendu. Un malentendu qui s’amplifie surout si
g) L’écart d’âge entre les époux est trop grand. Il s’en suit un conflit de génération qui se manifeste par un désir d’émancipation, une forte aspiration d’ouverture à la  modernité que le mari considère comme un affront à son autorité. Il verrouille tout et installe la femme dans une situation instable caractérisée par un emprisonnement déguisé. La femme tente de fuir mais généralement cela n’aboutit pas car le milieu urbain est souvent hostile aux fugues surtout si le mari est un nanti.Devant l’entêtement de la femme, l’époux peut utiliser tous les moyens y compris :
h) La brutalité physique ou violence verbale à l’encontre de l’épouse entrainant à long terme, la dislocation de la cellule familiale car la femme baigne dans un environnement hostile (…).
i) La polygamie est peu pratiquée mais elle est surtout compensée par la fréquence des mariage. En effet, on note un nombre élevé, dans ce milieu, des hommes qui sont à leur troisième noces. Une telle pratique n’est possible que si les liens matrimoniaux sont élastiques. En effet la polygamie entraine le divorce automatique parce que la femme ne pouvant tolérer, ni accepter la présence d’une seconde épouse. Ainsi donc l’homme qui veut se remarier doit faire un choix. Il faut noter la présence d’un environnement qui facilite vraiment la tâche de celui qui veut divorcer.
La maladie de l’un des conjoints peut entraîner la rupture du lien matrimonial, surtout si cette maladie rend  l’un des conjoints pratiquement inapte à vivre dans une cellule familiale. L’aliénation est souvent un cas insurmontable qui entraîne la dislocation du foyer. (…) ».
(Extrait du mémoire de maîtrise « La perception de la maternité chez la femme mauritanienne », préparé et soutenu par BEN MOUSSA, Zohra, 1995-1996,).

« (…)Par ailleurs, la societé maure ne condamne guère la femme dès son jeune âge à la réclusion et à la négation sociale, ni même ne la relègue dans les limites de l’espace domestique, pas plus qu’elle n’est maintenue dramatiquement dans une sorte des soumission passive et irrémédiable.
En Mauritanie, ni dans la societé traditionnelle et encore moins aujourd’hui, cette obesssion de la réclusion féminine n’est dominante. En effet, ici, l’horizon des prérogatives féminines est autrement plus large et il n’est guère établi nulle part que la femme doit être systématiquement soumise, ni même qu’il doit y avoir une valorisation excessive de la subordination féminine. Celà se vérifie d’ailleurs aisément  sur le seul plan des relations matrimoniales où les normes islamiques qui attribuent beaucoup de pouvoir à l’homme ne sont guère observées : en ffet, par exemple, il y a une réelle mobilité des destins matrimoniaux dont les femmes ont plus ou moins la parfaite  maîtrise, en tout cas davantage que dans n’importe quelle autre société musulmane. La répudiation ici n’est pas le fait exclusif de l’homme et la femme a toute latitude à mettre fin à son mariage et, dans ce cas, les hommes n’ont que peu de recours contre les épouses si celles-ci ont décidé de divorcer et ne peuvent qu’exceptionnellement, les contraindre à rester.
(…) De plus, la polygamie pourtant autorisée par lIslam est ici refuée avec succès par les femmes qui ont réussi à en faire une pratique parfaitement marginale et socialement reprouvée ».(Extrait de « Femmes et societés en Mauritanie », de OULD AHMED SALEM Zakaria, paru dans la revue  ALMAWQIB ALTHAQAFI,  n°6-7-8).

« (…)Par ailleurs, la societé maure ne condamne guère la femme dès son jeune âge à la réclusion et à la négation sociale, ni même ne la relègue dans les limites de l’espace domestique, pas plus qu’elle n’est maintenue dramatiquement dans une sorte des soumission passive et irrémédiable.
En Mauritanie, ni dans la societé traditionnelle et encore moins aujourd’hui, cette obesssion de la réclusion féminine n’est dominante. En effet, ici, l’horizon des prérogatives féminines est autrement plus large et il n’est guère établi nulle part que la femme doit être systématiquement soumise, ni même qu’il doit y avoir une valorisation excessive de la subordination féminine. Celà se vérifie d’ailleurs aisément  sur le seul plan des relations matrimoniales où les normes islamiques qui attribuent beaucoup de pouvoir à l’homme ne sont guère observées : en ffet, par exemple, il y a une réelle mobilité des destins matrimoniaux dont les femmes ont plus ou moins la parfaite  maîtrise, en tout cas davantage que dans n’importe quelle autre société musulmane. La répudiation ici n’est pas le fait exclusif de l’homme et la femme a toute latitude à mettre fin à son mariage et, dans ce cas, les hommes n’ont que peu de recours contre les épouses si celles-ci ont décidé de divorcer et ne peuvent qu’exceptionnellement, les contraindre à rester.
(…) De plus, la polygamie pourtant autorisée par l’Islam est ici refusée avec succès par les femmes qui ont réussi à en faire une pratique parfaitement marginale et socialement reprouvée ».(Extrait de « Femmes et sociétés en Mauritanie », de OULD AHMED SALEM Zakaria, paru dans la revue  ALMAWQIB ALTHAQAFI,  n°6-7-8).

« (…) Et contrairement à ce que l’on peut observer dans la plupart des pays arabes, les Mauresques divorcées ne subissent aucun ostracisme. Certaines jouissent même, à la cinquième ou sixième union, d’une réputation assez flatteuse pour faciliter leurs choix ultérieurs! Comme le plaisir, la liberté est donc, non pas interdite, mais différée, « à la mauritanienne », et la loi islamique contournée au profit des femmes, plus qu’elle n’est violée. Mais quand c’est leur intéret, ces dernières savent aussi brandir la Chariaa. La règle coranique qui exige du mari polygame un traitement strictement égalitaire de ses quatres épouses, elle, doit être respectée à la lettre. D’où la barre mise assez haut pour que les hommes se voient dissuadés de s’aventurer dans le mariage multiple ». (« Mauritaniennes », BERTOIN, J. in GEO, n°211, sept.1996, p.56)

« A l’exception de quelques rares et riches Cheikhs, les Maures sont monogames : leur vie conjugale égrène un chapelet de tête-à-tête. Au bout du compte, le nombre y est, mais pas le harem! Et comme les mauresques, mariées ou non, conservent leur vie durant le nom de leur père (« Mint » signifie « fille de »), elles n’en supportent que mieux les à coups de leur vie conjugale et n’hésitent pas à sanctionner le mari volage avec qui elles conservent d’ailleurs souvent par la suite des rapports amicaux. Dès lors qu’est accompli le hadith selon lequel « il n’aura point de célibataire au paradis », bien des accommodements deviennent possibles avec le Coran…La place de la femme est donc à son foyer, comme il va de soi en terre d’Islam. On montre, dans l’ancienne ville étape caravanière de Oualata, les passages secrets qui lui permettaient de passer d’une maison à l’autre sans être vue. Aujourd’hui encore, de vieux imams ronchonnent au spectacle de ces femmes qui circulent en plein jour quand l’usage leur intimait de ne sortir qu’avant le lever soleil. Mais la tête des nomades ne se prêtait pas à faire vivre la mauresque en recluse dans ses appartements et c’est donc, aujourd’hui encore, la totalité de la maison qui lui est ouverte ».(« Mauritaniennes », BERTOIN, J. in GEO, n°211, sept.1996, p.56).

La société mauritanienne est une société étrange qui cohabite avec fierté et satisfaction avec le phénomène du divorce malgré ses effets négatifs et ses mauvaises conséquences.
L’homme épouse la femme alors qu’elle est une fleur épanouie, en pleine jeunesse avec son charme et sa volupté. Elle le sert, lui sacrifie sa beauté et sa force et lui donne le plus cher dans la vie « les enfants ». Mais quand il pense au divorce, il oublie tout cela ! Il oublie l’histoire qu’ils ont partagée ensemble ! Ni les enfants, ni la cohabitation n’y font rien ! Il jette tout cela par dessus bord !
La société ne voit aucun mal dans l’acte de cet homme et ne le dénonce meme pas. Ainsi l’homme quitte-t-il une femme avec sept enfants innocents, privés de l’affection paternelle et vivant orphelins alors que leur père est en vie. D’ailleurs la société bénit cette mesure, l’accueille de nouveau à bras ouverts et lui donne le choix entre ses jeunes filles pour recommencer le même jeu !
Il n’y a aucun mal si cet homme est vieux. Le poète Kaber Hachem dit dans son poème susmentionné, décrivant le mari qui a floué la jeune fille !
Le mari est vieux
Aux cheveux blancs du fait des ans
Il a perdu toutes ses forces
Tellement il est âgé
Après tout cela, l’homme n’a-t-il pas le droit à la joie ? En particulier quand la misérable femme et son pauvre oncle supportent les frais nécessaires pour élever et éduquer les enfants.
(…)Le proverbe mauritanien dit « L’homme est un collier qu’une femme enlève et qu’une autre porte ». Il est original dans la société mauritanienne ancienne et dans certaines sociétés rurales conservatrices de constater l’interdiction morale à la femme de s’attribuer une partie des biens de son mari. Ainsi dit-elle toujours « leur maison », « leur tente »,  « leurs vaches » et ne peut jamais appeler sa maison conjugale « notre maison ».
Si cela constitue une pudeur acceptable, il lest dû à la perception par la femme du caractère inévitable du divorce et de la fin de la vie conjugale dans un proche avenir. Par conséquent, elle doit s’habituer à cela, de sorte que si le divorce intervient elle ne se trompe pas en s’attribuant une partie des biens de son ancien mari, ce qui lui donnerait un sentiment de gène et de déception !
Le taux de divorce est élevé en Mauritanie et atteint 37%. Et bien qu’il n’existe pas jusqu’à présent une étude sociale approfondie du phénomène du divorce, la société s’accorde sur deux causes essentielles qui en sont souvent l’origine : le désaccord personnel des époux pour des raisons socio-économiques et l’ennui qui constitue la cause de plus de 70% des cas de divorce ». (Extrait de « Femme mauritanienne : dualité de l’harmonie et la mésentente » de MINT MEILOUD, Hawa, 2001, p.58-59)

En milieu Soninké
« (…)Dans tous les cas de répudiation, le mari signale par sa démarche qu’il renonce à récupérer les dépenses qu’il a engagées pour le mariage. La dot et la valeur des cadeaux faits à la belle-famille leur restent acquis. Le beau-père est même en droit, s’il juge la procédure vraiement abusive, de demander une deuxième dot (compensation du préjudice moral causé à sa fille).Il n’en est pas de même pour la procédure du divorce qui consiste à rompre le lien conjugal en invoquant une raison socialement admise de la rompre. Les représentants des deux familles vont présenter leurs griefs devant un arbitre (chef du village, mange, ou naxamala, selon la caste des plaignants). Si les torts du mari sont reconnus, il abandonnera la dot. Si les torts reviennent à la femme, sa famille devra rembourser son mari. La procédure de divorce est forcément une longue attente et semée de longues négociations sur les modalités du remboursement eventuel. Cet espace de temps laisse la place à toutes sortes d’interventions de conciliation. Néanmoins, les divorces sont effectivement relativement fréquents, qu’ils aient été réclamés par l’homme ou par la femme ».(« Parlons soninké », GIRIER Christian, ed.L’harmattan,p.211 1996).

Source : maurifemme.mr

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