Absence de vie conjugale, d’amour .. : Voyage dans l’univers des femmes «otages»

par | Fév 4, 2010 | Culture et Loisirs

Kolda est l’une des parties du pays qui comptent le plus grand nombre de jeunes qui ont piqué le virus de l’émigration. Derrière eux, une famille, au milieu de celle-ci, une ou des épouse(s) abandonnée(s) seule(s) dans le «désert». Reportage dans l’univers intime de ces femmes «otage».Taille fine, bon teint, un corps de liane sur un visage d’ange, une démarche souple et coquin avec un sourire, lisse, limpide, enjolivé qui fait frémir tout «homme». Autant de charme qui fait de la femme du Fouladou «peulh» une déesse. Cette beauté naturelle avait fait dire à un homme de plume, après une élection de Miss Sénégal : «Et si la beauté était peulh.» C’est à la fleur de l’âge que ces déesses tombent souvent dans un piège. Attirées par le confort, le luxe ou les charmes du mariage, elles se laissent pêcher par un mal parfois venu du ciel.

Un «Espagnol», un «Francenabé» ou un «Italien» connu ou inconnu, peu importe. D’un simple coup de fil, une photo, ou un Cd visionné tape à la porte et le tour est joué. Le mariage est scellé. C’est parti pour une vie «pour le meilleur et pour le pire», peu importe le style. Car se marier avec un émigré d’Europe est synonyme, pour plus d’une dame au Fouladou, d’une vie meilleure. Mais, autant ces femmes sont belles, autant elles apprécient diversement leur vie conjugale à distance. A. Baldé en rêvait depuis toute petite. Un rêve devenu réalité, car ayant trouvé un mari établi en Europe. «Financièrement, je ne me plains pas trop ; par contre, l’argent ne fait jamais le mariage. Le mariage, c’est un «Tout» : la vie conjugale, l’amour, l’affection, l’intimité et d’autres choses encore», s’est-elle confiée. Subitement, elle se retrouve dans un autre état et veut mettre un terme à la conversation. «Si c’était à recommencer, j’allais me marier avec un ouvrier qui me donne cinq cent (500 FCfa) ou mille (1 000 FCfa) de dépense par jour et avec qui je passe la nuit, plutôt qu’avec un «Espagnol» ou «Francenabé» qui m’envoie deux à trois cent mille francs ou plus par mois, me laissant seule dans un désert», a-t-elle martelée. Mais Mme, vous êtes dans une maison bien construite pour ne pas dire une villa ? Elle hausse le ton : «Vous ne voyez pas que je suis seule dans cette famille ! Le luxe, le confort ne font jamais le mariage et puis le débat est clos», a-t-elle conclu. Ailleurs, c’est la même chose. D’une allure juvénile, une élégance sans pareil, un charisme ravageur, une noirceur d’ébène, D. Kane nous accueille dans son salon, allume la télé, nous offre de quoi à nous rafraîchir la gorge. En voulant masquer notre statut de reporter, elle nous demande d’être plus précis : «Dites-moi qui vous êtes et le but de votre visite.» Ainsi, après présentation, démarre l’entretien. «Attendez, elle appelle une autre ; c’est ma coépouse. Nous vivons parfaitement, en famille, notre vie conjugale. Certes notre époux est au Portugal, mais on n’a rien à envier à celles qui vivent à côté de leur mari», dit-elle. Aussi belle qu’elle et souriante, sa coépouse ajoute : «Il revient souvent prendre bien soins de nous, appelle au téléphone et parle avec tout le monde, même les plus petits. Il aime sa famille et nous aime. C’est l’essentiel», a-t-elle ajouté.
SOULEYMANE SALL

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